[Chronique] Soundgarden - King Animal

Depuis son album r'n'b produit par Timbaland, chaque faits et gestes de Chris Cornell était aussi craint que l'utilisation de l'arme nucléaire par un dictateur un peu trop tatillon. Alors le voir revenir dans Soundgarden avait de quoi laisser songeur. Allait il revenir dans le droit chemin ou pervertir l'univers d'un groupe hautement respectable? Un premier titre inédit avait fait bonne figure sur un best of, un second avait offert l'effet inverse sur une Bande Originale. Ne retrouvant aucun des deux sur cet album, que vaut le résultat final?

Vous pouvez sortir de votre cachette, cet album n'est pas vraiment le four que l'on aurait pu craindre. Cornell a fait le deuil de son envie de devenir Justin Timberlake, Matt Cameron se retrouve plus talentueux que dans les derniers Pearl Jam et concernant Kim Thayil et Ben Sheperd, que l'on avait peu entendu jusque ici, ils sont en belle forme. Ce sympathique état de fait se synthétise dans le premier titre de l'album, "Been AwayToo Long", clin d'oeil à peine masqué à cette longue absence du groupe. Non Chris ne dis pas le contraire, on a vu clair dans ton jeu! Tu essaye de te racheter hein? Ta voix s'envole, s'éraille comme au bon vieux temps, Matt déroule une frappe impeccable, le riff est la, la basse aussi... Tu veux nous impressionner hein? Eh bien tu t'en sors pas mal, on te l'accorde!

Comme s'ils avaient tous conscience de la nécessité de taper bien fort dès le départ, le groupe enchaîne avec "Non-State Actor" tout en groove suivi d'un "By Crooked Steps" aux hachures fort prenantes. "A Thousand Days" finit de nous emporter, comme si le groupe avait toujours été la, comme si il ne s'était rien passé depuis le dernier album. L'écoute se passe réellement bien jusqu'au moment où une petite idée vient s'infiltrer dans notre esprit...  Et si les choses tournaient trop bien pour être vraiment réelles? A l'image du titre "Black Saturday", ou bien "Halfway There", certaines facilitées déjà apparues dans le répertoire de Cornell apparaissent... Une tendance à se FMiser avec le temps? Fort possible car il parait évident que si le départ de l'album tenait du grandiose, sur la longueur, le propos aurait tendance à vraiment s'affadir.

La fin de l'album relève légèrement la tension, offrant un peu plus de nerfs à un album qui souffre de sa longueur. 14 titres, 17 sur sa version bonus, c'est long, très long et il faut de l'inspiration pour ne pas faiblir pendant toute la durée. Auraient ils voulu trop bien faire? Toujours est il que l'album offre une sensation de demi teinte qui ne fait que se confirmer au fil des écoutes amenant à une conclusion simple : Si l'album se laissera entendre en fond sonore d'une soirée entre potes, il ne provoque pas assez de choses pour être réellement "écouté" comme il se doit, et c'est bien la toute la nuance. Une semi déception au final, car si le naufrage a été évité largement évité, l'émerveillement n'est pas non plus rendez vous... Il n'y a plus qu'a miser sur le prochain.

 

Soundgarden, King Animal, disponible depuis le 13 novembre 2012 chez Seven Four Entertainment
soundgardenworld.com/