[Chronique]

Publié le par Métastases

Hearts Fail - The dying season
par Arno Mothra


hearts-fail-copie-1.jpgComme Vivaldi avait pu le démontrer, les quatre saisons se révèlent souvent trompeuses, tout particulièrement l’hiver, pour ses fourberies. Transition parfaite entre l’automne et le printemps, Hearts Fail livre avec The dying season son deuxième album, mêlant au post-punk des accents cold et new wave. Une réussite totale.

Formé en 2003 à San Antonio (Texas), Hearts Fails compte à son actif deux opus (The empty promise en 2004 et l’EP Medallion sorti l’année suivante), auxquels s’ajoute The dying season, le petit dernier. Aussi délicate et brumeuse que la photo qui l’illustre, cette nouvelle galette se compose d’un ensemble homogène, sombre, plongeant l’auditeur dans une vague de contrastes (chaud / froid, énergie / douceur éparse), mais sans pour autant former un bloc ennuyeux et mollasson.

Basse vaporeuse, guitares très Banshees (l’entêtant et glacial « Wants and needs », meilleure piste du cd), batterie délicieusement noyée dans le brouillard (« For one moment »), charge mélancolique et cotonneuse (« Warning ») : tous les ingrédients sont ici réunis pour capter l'attention des amateurs du genre. La guitare lead, électrique, utilisée telle une seconde voix, apporte une rythmique particulière à la plupart des morceaux, caressant autant qu’elle écorche. Plus synthétiques mais malheureusement trop courts, les instrumentaux « Glowing orange smile » (perle cold wave) et « Out, out », poudrés de soufre, laissent quant à eux entrevoir de brèves accalmies, tièdes, essentielles, profondes. Hormis « The glass blower » qui eût mérité des arrangements plus adaptés (acoustiques ?), les titres de The dying season se savourent comme des instants de solitude, privilégiés, loin de tout (l’introductif « Escape from the Valley of the Lions »).

Dans une veine similaire à Klimt1918 et Piano Magic, Hearts Fail emprunte aux générations passées en apportant sa propre griffe, notamment par la voix lumineuse (habitée mais pas plaintive) de son leader. Si ce deuxième album pourrait souffrir quelque peu d’un manque de diversité entre ses pistes, il s’avère en revanche d’une poésie franchement appréciable et d’une indéniable efficacité, largement plus convaincantes que ce que peuvent léguer les mauvais plagieurs de Joy Division, injustement en vogue depuis un certain temps.

Une très belle découverte qui promet de mûrir davantage au fil des écoutes. Coup de cœur bien marqué de ce début d’année.


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Hearts Fail, The dying season, sorti en novembre 2009 chez Shinto Records
Myspace

Publié dans Musique

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