[Chroniques]

Publié le par Métastases

Partie I : Adrenaline
par Domino

deftonesUn accident peut vous changer la vie, voire même donner une orientation totalement inattendue à celle-ci. C’est ce qui s’est passé pour Stephen Carpenter quand celui-ci s’est fait percuter en 1986 par une voiture. Touchant l’argent de l’assurance, le jeune homme se procure son premier matériel et convie un ami de skate – Camillo, plus tard connu sous le nom de Chino – à le rejoindre, ainsi que Abe, un autre ami qu’ils croisaient souvent dans le bus scolaire. Quelques changements de line up plus tard, un nom chouette trouvé (Deftones et l’assocation de deux mots : « def » qui est un synonyme de cool, et  « tones » qu’on retrouvait dans pas mal de groupes de l’époque) le groupe se stabilise autour de Chino, Stephen, Chi  et Abe. Et c’est encore quelques années et concerts amateurs plus tard, que le groupe trouve sa voie et sort la première pierre du monument Deftones : Adrenaline.

L’ennui est la base de l’album, le point de départ de tout. L’ennui de quatre jeunes, basés à Sacramento, qui pour passer le temps entre deux allées au skate park, font de la musique. « Bored » est le témoin de cette époque, le premier titre de l’album, un véritable hymne que le groupe ne bougera plus jamais de sa set list. Chino laisse couler sa voix le long de la chanson, et semble presque se retenir pour se laisser exploser à la fin du titre. Première claque. Stephen ouvre le suivant, alternant guitare obsédante et riffs lourds. Chi prend le relais et c’est d’une basse ronde qu’il accompagne Chino. Abe, aucunement en retrait, porte le rythme du morceau d’une patte déjà très reconnaissable. Deuxième claque. Jamais deux sans trois, dit-on. La troisième piste est donc tout aussi excellente. Chi ouvre le bal, Stephen pose un son de guitare extraterrestre, Abe y apporte la touche finale. Et Chino ? Il dévoile un timbre de voix tout en nuances, hérité de ses influences new wave.

L’auditeur se posera forcément une question à ce moment-là : vont-ils se planter ? Pas au quatrième titre, plus rentre-dedans jusqu'à sa deuxième minute où un break sorti de nulle part fait son apparition. Hors sujet ? Loin de là, puisqu’il montre un groupe particulièrement à l’aise avec ses ingrédients. Une aisance tout aussi remarquable sur « Lifter », cinquième titre, cinquième claque, d’une évidence rare, d’une fluidité non feinte, tout autant que le suivant, « Root », où l’envolée vocale finale de Chino se fait particulièrement remarquer.

On se dit alors qu’un premier album avec un hymne, c’est bien, mais qu’un album avec deux hymnes, c’est mieux. Vœu exaucé à l’écoute de « 7 Words », mythique, puissant, rageur, au refrain inoubliable, condensé d’une violence délectable. La pression se relâche sur la piste d’après, « Birthmark », d’une tendance plus posée au départ pour monter crescendo vers un final ravageur. Semi hymne, « Engine Number 9 » présente ici un aspect plus fidèle à la tendance de l’époque, Chino rappant donc sur les couplets pour libérer toute sa violence dans les refrains. Ça sera la seule « volonté » de conformisme du groupe puisque l’album se termine sur deux titres totalement  en-dehors de la mouvance rap métal. « Fireal » alterne entre passages fantomatiques et refrain beaucoup plus violent, la fin du morceau étant empreinte d’une ambiance mélancolique qui ne laisse personne de marbre. La piste bonus, sans titre, dernière envolée presque lyrique du groupe, finit de marquer la différence de Deftones sur ses collègues de l’époque.

On est sonnés. Des groupes qui débutent il y en a des tas, des premiers albums réussis également. Mais des albums coup de poing, on en compte combien ? Peu, et Adrenaline en fait partie. Œuvre d’un groupe marquant dès le départ une réelle personnalité, ce premier album fondateur de tout un mouvement (que le groupe transcendera par la suite, mais qu’aucun confrère ne saura égaler) est un inoubliable, un choc, et ce même quinze ans plus tard. À (re)découvrir sans modération.

Deftones, Adrenaline, 1995
Site officiel

deftones.jpg


7 words

Premier clip du groupe comme en témoigne la présence d'un Chino encore dreadlocké, « 7 words » est un clip simple, efficace, témoin d'un combo plein d'énergie présenté ici lors d'un mini concert dans leur ville d'origine.


Bored

Deuxième clip du groupe, « Bored » n'est pas forcement très élaboré mais a le mérite de nous plonger dans l'ambiance de l'époque. On nous y présente un groupe jeune donc, dans son quotidien et particulièrement dans son local de répete. Pour l'anecdote, il faut noter la présence dans le clip de membres de Will Haven et Far, grands fidèles de toujours de Deftones, et très excités pour leurs amis qui lançaient alors leur carrière. Vidéo à savourer, nostalgique.

Publié dans Cycle Deftones

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article