[Chronique]

Publié le par Métastases

Melissa Auf der Maur - Out of our minds
par Arno Mothra

madmPire que la plus flemmarde des marmottes, il aura fallu six ans à Melissa Auf der Maur pour donner un successeur à son premier opus, peu original mais hautement et justement reconnu. Moins pop et plus sombre, Out of our minds se fond dans un concept réunissant musique, film, site web et comix, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce disque est une putain de tuerie.

D’abord connue pour son jeu de basse dans Hole et The Smashing Pumpkins, ou en France pour son duo remarqué avec Indochine (« Le grand secret »), Melissa Auf der Maur représente surtout l’un des symboles du rock alternatif des nineties, là où nombre de ses comparses ne sont, malheureusement, plus que des souvenirs (Billy Corgan et Garbage en tête). Après des dizaines de collaborations, un hommage inégal et plutôt ennuyeux à Black Sabbath, un premier essai plus que concluant et l’EP This would be paradise (2008), la jolie musicienne ressort enfin de son terrier pour nous livrer sa nouvelle galette, accompagnée d’un court-métrage aussi surréaliste que rétro.

Presque entièrement écrit et composé par Melissa, ce deuxième album apparaît un peu moins évident à la première écoute, porté par une obscurité sensuelle et une audace prononcée. Ne vous attendez donc pas un hit single du style « Taste you » pour lancer la machine. Toujours autant baignée dans le rock caractéristique des années 90, MAdM se loue les services de quelques intervenants de renom, fidèles, tels Jeordie White de Marilyn Manson (« The key »), l’emblématique Chris Goss de Kyuss (« 22 below ») ou encore Glenn Danzig des Misfits (sur le duo bluesy « Father’s grave », petite pépite hors du temps).

Ici, Melissa Auf der Maur atteint le sans-faute intégral. Avec ce qu’il faut d’énergie (« Isis speaks », « Follow the map ») et de douceur (le duo parfait « Father’s grave », les instrumentales « The hunt » et « Lead horse », cherchant dans l’ambient psychédélique), Out of our minds conduit une suite logique quoique parfois insoupçonnable entre ses pistes. « Meet me on the dark side », le prochain extrait, rappelle la flamme passée de Soundgarden ; la basse vibrante de « 1000 years » et « The one » vrombit avec entrain en se détachant des autres instruments ; la voix alterne entre force de caractère et désir de charmer. Déjà assez mélancolique et percutante dans sa version originelle, « 22 below » assure certainement le meilleur moment de l’album, sublimé dans sa réinterprétation au piano (évitant les erreurs du très soporifique « Overpower three » en 2004). On retiendra également l’inédit « Whispers and potions » incrusté en plage bonus, plus acoustique, dont le rythme s’effectue principalement par le biais des chœurs entraînants de son refrain. 

Difficile de ne pas sombrer dans une suite de superlatifs en parlant d'une telle artiste, parce que, bon sang, qu’est-ce que ça fait du bien ! À défaut d’une révolution musicale qu’il ne vise de toute façon absolument pas, Out of our minds se révèle comme un moment privilégié, sans jeux de technique bluffants mais aboutis ; du rock alternatif aux accents stoner qui marque l’esprit. Un très, très bel album que nous vous conseillons très, très chaudement. Dommage qu’il soit quasiment impossible en France de visionner le film issu de ce projet…

 

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Melissa Auf der Maur, Out of our minds, sorti le 12 avril 2010 chez Roadrunner
Site officiel
Clip Out of our minds

Publié dans Musique

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