[Interview] Emilie Lesbros - Seconde Partie

Publié le par Métastases

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Sans plus attendre, suite de l'interview fleuve d'Emilie Lesbros!


Dans « In Citation », il y a cet espèce de montée étrange,  sûrement la plus étrange de l’album , presque entièrement vocal, semblable a une sorte de dialogue halluciné entre deux être bien étranges… D’où vient ce genre de morceau ?
 
 

Ce morceau est marrant parce que, c’est celui qui a posé un vrai souci dans l’enregistrement même si elle a été résolu dans la nuit. Au début c’était deux morceaux en fait, l’un où j’appelle ça charabia,  et c’est tout a fait çà, un dialogue entre plusieurs personnes.  Je fais souvent çà en concert, cette idée d’arriver à transmettre une idée par des émotions juste qui sortent de la voix, ça me plaît même si il y a forcement un coté théâtrale mais pas que,  et ce dialogue qui amène a ce que chacun arrive à voyager avec ça, comme dans d’autres pays ou on peut se faire comprendre juste par des choses instinctives. J’ai vraiment des personnages dans la tête, tout un monde qui se développe quand je fais ça, il y a des choses liés a la politique, je le dis pas forcement aux gens d’ailleurs, ce n’est pas lisible, d'autre liés a ma vie mes rencontres, mes sentiments, tout est logique pour moi, mais rien n'est exprimé avec des mots lisible, afin de laisser a l'auditeur libre cours a son imagination.

Une des œuvres qui m’a beaucoup marqué quand j’avais 17 / 18 ans, c’est la Sequencia 3 de Luciano Berio (chanté par Cati Berberian). J'ai beaucoup de problèmes durant ma scolarité, l'école c'était un peut a l'opposé de ma logique, trop de règles que je ne voulais pas respecter car elles me paraissaient inutiles, c'est le musique qui m'a sauvée, j'ai fait un bac musique, et la tout a change, j'ai réussie a avoir mon bac et a mettre fin a ma scolarité, et surtout j'ai pu écouter le Sequensa 3!
C'est pas le même système que j'utilise mais ça peut s'y référer pour In Citation.

Le problème donc j’avais cette autre morceau où je frappais la basse en chantant une mélodie, et je n’arrivais pas a l’intégrer dans l’album, ça n’avait pas de sens avec l’unité du reste, et dans la nuit, j’ai trouvé le lien avec ce charabia !  Je ne voulais pas l’enregistrer au départ mais j’ai fais 2/3 prises, on en a choisit une, puis cette basse qui rentre et qui fait comme une sorte d’écho de ce que j’ai dans ma tête. Ce que je pensais à ce moment, c’était disons sur un thème politique. C’est marrant comme d’un coup je me suis dis que du charabia avec une basse qui rentre, ça avait un sens, et que le tout fonctionne bien.

Mais pour le dialogue halluciné, c’est un peu la version rapide de ce qui peut se passer dans ma tête, dans la nuit, dans des insomnies, (rires) des histoires.

C’est marrant car les gens ont souvent besoin de comparer a quelques chose, avoir une référence, la Sequensa reviens souvent. Cette partie est toujours improvisée en concert, on peut comparer ça a un enfant qui apprendrais à parler, qui s'amuse, et qui ne finit jamais d'apprendre, libre comme l'air avec sa langue et ses émotions.

Il y a des titres comme « Berce Mozart » ou « Emptiness » qui ont une couleur très cinématographiques, c’est quelque chose qui t’inspire ?

 

S’il y avait une référence ciné, du moins a cette époque, ce serait mon propre film intérieur. Par exemple « Berce Mozart », je l’imaginais comme un cauchemar, quand je le fais, je rentre dans une douce berceuse d’enfant, pour arriver sur des dents qui saignent au milieu, c’est plus une sensation qu’un film cinématographique, comme quand on bascule dans un rêve et qu’on tombe la où on ne sait pas où on va tomber, d’un coup tout se déchaine, et puis la mélodie revient douce, c’est aussi la sensation qu’une berceuse peut être terrible au final…

 

« Emptiness », pour te dire comment j’ai fais ce morceau, je parle toujours en images, dans ce disque je dis jamais ce que je veux dire, chacun peut s’imaginer des choses. « Emptiness », je l’ai écris en voyant les gens qui…pfff…. C’est quelque chose de très politique pour moi, les gens qui font semblant d’ignorer, ou qui ignore tous simplement ce qui se passe autour d’eux, avec cette contre voix qui marque l'image du vide, l'infinie du vide qui n'en fini jamais, et en même temps tu peux laisser une marque sur un mur, c'est abstrait ce que je raconte, mais pour moi ça fait partie de ma logique. le vide, ça peut être le monde dans lequel nous vivons…même si il n'est pas du tous vide, au contraire, il est très riche, mais en opposition a ce monde nos têtes sont parfois vides, on les vides volontairement, on nous les vides....!

C'est une réflexion sur le monde et ses écroues, un peut rouiller, bien rouiller souvent, les écroues qu'il faut faire sauter, les murs qu'il faut exploser, arrêté de s'auto clôturer, de se laisser saboter....


Bref, c’est plus des images et des sensations, que des choses cinématographiques, tout peut l’être a partir du moment ou il y a une histoire, même si cette histoire a pour but de ne pas être racontée, tu peux te raconter dans propre histoire, et partir dans les délires les plus fou juste avec toi même, comme Tarkovski, place ouverte a l’imaginaire. Ce qui est bien c’est que chacun peut faire son monde avec. Il y a des choses du double, des choses qu’on peut avoir en nous, autant dans la tendresse que dans la violence, qu’on a tous et qui peut basculer dans un sens et un autre.


J’ai eu cette impression  en écoutant le disque, celle d’un double désir. En même temps, celle de dépasser plus d’une barrière musicale et en même temps lorsqu’on entend certains morceaux, il y a des mélodies simples qui restent en tête, c’était une volonté affirmé ? Quelque chose qui est ressorti naturellement après coup ?

 

En fait dans ce disque, j’ai voulu marquer une simplicité, tout simplement car avant je faisais des choses très compliqués, j’en avais marre de penser à compter, chanter des notes, tout ça, donc oui, je voulais vraiment,… Ce qui me bottait a l’intérieur, c’était de faire sonner  2 notes a la con, ne pas me prendre la tête sur des écarts compliqués, qui souvent coupent la musicalité, c’est trop dur de faire sonner un truc compliqués avec de l’émotion a l’intérieur.

Je venais de travailler avec un groupe qui se nomme Fonétik, et la musique était très belle mais à mettre en place c’était un enfer, et pour s’approprier les notes c’est un gros travail pour ne plus les penser, et les faire sonner avec émotion… Du coup, simplicité, 2 notes, c’est tres bien…

J’ai souvent des trucs comme ça avec des mélodies, des choses simples, je n’ai pas pensé  a contrebalancer, ça fait partie de moi, je peux avoir un coté très tendre et très violent, c’est juste que ça fait partie  de moi… Ca veut pas dire que je suis méchante hein (rires), je peux écouter de la musique très violente, ça me fait du bien. Mais ce disque n’est pas violent, il est peut être brut mais pas violent.

 

Mais non, je n’ai pas pensé à contrebalancer… Et aussi, j’ai travaillé avec énormément de musiciens de musique improvisé, et c’est un milieu qui est assez fermé au final, beaucoup de chapelles, où il ne faut pas faire ci, ca, et pourquoi ? Si moi j’ai envie de le faire, je le fais et je me suis pas posé la question, de comment ca allait être perçu. Par exemple la, je suis en train de bosser sur le nouvel enregistrement, et il y aura toujours un aspect barré, ça fait partie de moi, mais je me tourne vers des choses plus simples, des chansons, du texte...des expériences.

 

Publié dans Interviews

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