[Chronique] Swans - The Seer

Publié le par Métastases

http://img15.hostingpics.net/pics/588538Swans.jpgTout le monde sait à quel point la reformation d'un groupe est une étape difficile. Pour les musiciens qui le composent tout d'abord. Quel que soit la motivation amenant au "retour de la vengeance", d'innombrables questions se posent, la principale étant: la magie d'antan sera t'elle au rendez vous ou pas? Et puis le doute est la pour le public également. Le frisson sera t'il présent pour eux? Que peuvent ils attendre? Tant de questions qui ont souvent, malheureusement, des réponses négatives.

Mais il y a, Dieu merci, des exceptions, toujours. Lorsque les Swans se sont reformés, tout était à craindre mais l'album qui a suivi ce qui aurait pu être une inutile tournée souvenir (coucou Faith No More!) a réussi la lourde tache de rassurer les fans. Il était bon, et de plus un peu étonnant même si on sait que "surprise" ne fait pas toujours bon ménage avec "fans contents". Avec le recul, on peut en effet reprocher à ce cher Michael Gira d'avoir un peu trop confondu ses projets et d'avoir un peu "adouci" la formule Swans en l'enrichissant de ses expériences autres. Qu'importe, puisqu'il semblerait que l'homme au chapeau nous a piégé (un peu comme il a piégé la Lucie, référence à Sylvain, ça faisait longtemps) en nous offrant un vrai retour des Swans seulement avec ce nouvel opus, second post reformation donc.

Qu'on se dise, The Seer est massif. Massif comme un paquebot premier choix qui tomberait sur la tronche d'un quidam passant trop près du port. Massif comme du plomb coulé directement en pleine gorge. Massif comme un tsunami en direct, sans prévenir. Massif comme... Bon, vous avez saisi le message? Michael Gira a tout donné sur ce double album gigantesque et ce n'est pas le morceau d'ouverture qui va contredire ce fait. "Lunacy" est une hypnotisante incantation qui saisit dès les premiers instants, comme pour nous faire accepter d'entrée de jeu l'univers de l'album. L'accueil que l'on fait au morceau suivant est alors d'entrée de jeu bon, alors que sans ça, son aspect répétitif n'aurait sûrement pas eu du tout le même impact.

Après une très délicate et courte transition, voila l'un des gros morceaux du disque. Et par ce terme, il s'agit bien d'entendre "gros morceau" puisque le titre éponyme dure... 32 minutes. Le tout commence dans une cacophonie certaine avant de se lover près de l'auditeur aux alentours des 5 minutes. C'est ici que la transe commence, comme si des ombres venaient noircir une pièce blanche immaculée. Et puis tout s'installe, la pièce semble s'agrandir, faisant ressentir à l'auditeur une impression d'être minuscule face au spectacle qui se joue autour de lui. Le spectacle se fait plus puissant au fur et a mesure, jusqu'à littéralement devenir explosif aux alentours des 13 minutes. Le chaos sonore s'étend, s'étire, se fait omniprésent puis, comme pour panser les plaies (et les oreilles), le morceau s'allonge dans une ambiance désertique, ou un harmonica s'offre une belle place, avant que Michael accompagne la redescente. Un mot? Magique.

"The Seer Returns" prolonge un plaisir déjà bien étendue. Plus concentrée, puisque durant "seulement" 7 minutes, elle agit comme un générique, nous ramenant au meilleurs moments d'un instant magique. Le premier CD se ferme avec deux morceaux plus rassemblés, entre frappes noise et ambiances plus posées comme ce "Daughter Brings The Water" envoûtant.

Le second Cd s'ouvre avec la voix de Karen O, sur une très belle composition répondant au nom de "Song For A Warrior". Poursuivant le charme de la chanson finale du premier CD, elle offre un réel sentiment de sérénité fort appréciable après les déferlements sonores passés et avant ceux à suivre. "Avatar" est sûrement l'un des titres les plus passionnants de l'album, avant que l'assaut final soit donné avec deux pièces de choix. Il y a tout d'abord "A Piece Of The Sky", débutant par ce qui aurait pu être le son d'un feu, ou du vent ou... On ne sait pas trop en fait. S'éclaircissant sur la longueur, comme un ciel dont les nuages s'écarteraient, elle finit dans un certain flou et laisse la place au final "The Apostate". Si le titre semble long à démarrer (et il ne semble pas, il est long à démarrer); ce n'est que pour moi dévoiler une puissance finale gigantesque. Vous entendez? GIGANTESQUE! OH! T'as compris??? Gigantesque!!!!!

Quelle aventure... Il est rare de trouver des albums où il n'y a rien à jeter et c'est encore davantage vrai lorsque l'on parle d'un double album. Les Swans réussissent un extraordinaire tour de force en proposant ce bloc réellement indispensable, d'une force quasi surhumaine qui se dévore sans limites. Que dire de plus? Il n'y a rien de plus à dire, si ce n'est rendre son achat primordial, presque obligatoire, il est bien rare que des reformations soient aussi jouissives. A consommer sans modération.

http://img15.hostingpics.net/pics/588538Swans.jpgSwans, The Seer, disponible le 28 aout 2012 chez Young God
http://swans.pair.com/

Publié dans Musique

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