[Chronique]

Publié le par Métastases

Alice au pays des merveilles de Tim Burton
par Arno Mothra

http://www.jimhillmedia.com/mb/images/upload/Alice-Burton-Logo-web.jpgIl y a de cela bien des années, Tim Burton réussissait à nous émerveiller en composant son univers à travers la fantaisie, l’enfance et la féérie noire, une touche particulière affublée de poésie. Malgré une poignée de films flirtant avec la médiocrité depuis le milieu des nineties (Mars attacks !, La plantète des singes, Sneeney Todd), l’Américain continuait il y a peu à nous transporter par des productions inhabituelles (Big fish, Noces funèbres). En 2010, la recette ne s’applique définitivement plus.

Adaptation libre d’Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir de Lewis Carroll (amen), le dernier Burton déçoit autant qu’il exaspère. Ici, l’héroïne blonde a vingt ans, est une paumée involontairement niaise promise à faire la guerre aux rêves qui la rongent depuis tant d’années. Entre la 3D qui massacre tout et un côté fantasy sans queue ni tête (Alice qui se bat contre un dragon, les combats vaseux entre le bien et le mal), ce film raté n’est qu’une grosse imposture, une superproduction construite sur une ânerie ambiante, se dévoilant tout en longueur. C’est bien simple, on croirait visionner un nouvel épisode du Monde de Narnia, mais en plus ennuyeux encore (une performance à applaudir tout de même).

Où est passé le Tim Burton de Pee Wee’s Big Adventure, Edward aux mains d’argent ou Big fish ? Cette course au nanar hollydien devient aussi lassante que vaine, de moins en moins créative (vive la redondance grossière) et merveilleuse, au sens propre comme au figuré : l’excitation quant à découvrir les nouvelles lubies du réalisateur s’estompe de film en film, et il faut bien admettre que pour celui-ci, la barre se place très haut (ou très bas selon l’interprétation). Tout est mièvre, aseptisé, soporifique et ridicule : même les images, retouchées à l’extrême, ne font pas rêver. Sans compter les facilités du scénario et des dialogues (la Reine Rouge qui répète cinquante fois, à trois minutes d’intervalle : « qu’on lui tranche la tête ! ») ou encore les couleurs criardes agressant la rétine.

De ce laxatif, nous ne retiendrons que la performance réussie de Johnny Depp (malgré des similitudes physiques douteuses avec Yvette Horner), lequel, malgré un monopole de l’image plutôt inexplicable, ferait presque oublier la représentation lamentable d’une Alice aussi tarte qu’horripilante (pourtant, Alice est trop-top-rebelle-gogoth-à-quatre-sous avec son teint de cadavre).

Bref, on n’oserait attendre un retour aux sources de Tim Burton dans son prochain long-métrage ; on l’espère cependant, sans trop de convictions, au moins pour ce que son passé prestigieux nous a offert. Zut, Alice est le premier navet d’un contrat de trois œuvres avec Walt Disney (c’est beau le pognon). Mes condoléances madame.

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Alice au pays des merveilles, Tim Burton, sortie du Blu-ray le 24 juillet 2010

Publié dans Cinéma

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