Bernie Bonvoisin - Le bel enfer

Publié le par Métastases



bonvoisinLeader du mythique Trust (dont le nouvel album vient tout juste de paraître) et réalisateur des Démons de Jésus reconverti en romancier prolifique, Bernie Bonvoisin livre avec Le bel enfer une analyse sans compromis autour du nombrilisme, du militarisme à Grozny et du journalisme, le tout sous forme de roman entrecoupé de documents disséminés comme des apartés, plongeant davantage dans l'horreur du réel et l'exaspération.

Pour ce cinquième ouvrage, Bernie Bonvoisin alterne son récit entre futilité d’une vie embourgeoisée et danger politique en Tchétchénie. Carol dirige une angence de communication sur Paris, partageant sa vie entre boulot et sorties bien hype ; sa sœur, Tessa, est reporter photo envoyée à Grozny en plein conflit tchétchène. L'une est obnubilée par le profit et les soirées, l'autre par sa survie et la vision apocalyptique du pays dans lequel elle se trouve.

Alors... On voudrait volontiers croire en la bonne volonté de l'auteur, dont le propos humain ne peut laisser indifférent au fil des pages, incitant par ailleurs le lecteur à se poser les bonnes questions sur ce qui construit son existence, ses besoins ou ses désirs. Sauf que Le bel enfer ne convainc pas totalement tant le parti pris semble évident et ne donne par-là même peu de place à l'objectivité. Ici, la société est soit toute blanche soit toute noire ; le personnage de Carol (et ses acolytes) agace tant la caricature se ternit dans l'extrême, alors que le monde dans lequel évolue sa soeur parait nettement plus crédible, abordé avec plus de recul mais pas toujours évident à suivre.

Les lecteurs habitués par la plume de Bernie Bonvoisin ne seront pas vraiment dépaysés, même s’il faut bien avouer que l’on a eu parfois un peu de mal avec le discours indirect employé tout au long du livre (narration rapide n’incluant que peu de dialogues), ainsi qu'avec cette écriture plutôt urbaine, sans véritable style littéraire (et donc assez désagréable sur la longueur). Le ton est haché, sans artifices. Malgré ça, il faut cependant reconnaître que Le bel enfer vit au rythme de ses protagonistes - dans la mélasse -, dépassés malgré eux par une réalité oppressante (dans deux genres complètement opposés).

On en ressort donc avec une impression plus que mitigée. En attendant le prochain.

 

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Bernie Bonvoisin, Le bel enfer, sorti le 21 janvier 2010 chez Stéphane Million éditeur
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Article rédigé par Arno Mothra

Publié dans Littérature

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